Nom d'une cacahuète belge,
j'y arrive enfin à bout! Mon cycle Kitano s'achève ici en attendant
de voir "Dolls" sorti en avril dernier (40 copies dans
toute la France, c'est une honte). Ceci étant, on ne va pas se plaindre,
ça me fait une critique en moins à faire ^^. Donc, nous allons finir
avec "Brother" ou "Aniki mon frère" dans notre
langue (je ne vous cacherais pas que je n'aime pas ce titre puisque
Aniki signifie frère, ce qui rend le tout assez débile). Bon, cessons
de tourner autour du pot, et commençons la dissection du 9ème film
de Kitano. D'ailleurs, en parlant de ça, les plus "ninja"
d'entre vous auront très certainement remarqué que je ne sais pas
compter. Tadam, exact, j'en suis à ma 8ème critique de kitano, où
est l'erreur? Hé bien si je sais compter, c'est juste qu'il me manque
un film : "Getting any?". Cependant, on ne peut pas vraiment
le traiter au même plan que les autres. "Getting any?"
étant un film (suicide dixit Kitano) complètement déjanté, plus
proche de l'humour de Beat Takeshi. Je l'achèterai peut être un
jour, mais sachez qu'il s'agit sûrement d'un des films les plus
débiles au monde. Enfin, là je m'égare, aujourd'hui on parle de
"Brother" ok?

Ce qu'il faut savoir, c'est que "Brother" a été réalisé
en Amérique, avec une équipe en partie américaine. John Woo a fait
son "Volte Face", Tsui Hark a fait son "Double team",
Kitano fait son "Brother". Ce qui est intéressant, c'est
que ce choc des cultures et retranscrit parfaitement dans l'histoire
du film. Voyez vous même : Aniki fait parti d'un important clan
de yakuzas. Le jour où son chef se fait assassiner, tout le clan
est dissout. Une partie décide alors de s'engager dans un ancien
clan rival. Aniki n'accepte pas et décide d'émigrer aux Etats-unis
où il a un demi-frère. Ce dernier est un petit trafiquant de drogue
sans envergure. L'arrivée d'Aniki va changer les choses. Leur gang
va grossir au point de devenir un des plus importants de la ville.
Toutefois, tout le monde ne voit pas ça du meilleur oeil. Notamment
la mafia...
Le principal intérêt du film est bien sûr la différence entre
les cultures, les modes de vie. Aniki, étant yakusa sera beaucoup
plus direct et violent. De plus, il ne parle pas anglais, beaucoup
le verront donc comme le parfait pigeon à détrousser, le touriste
paumé. La plupart du temps, ceux là ont de grosses surprises. Au
niveau de la réalisation, on retrouve en partie le style de Kitano,
mais on sent qu'il n'a pas pu se lâcher complètement, le film étant
tourné en anglais, et destiné au public américain en priorité, c'est
assez compréhensible. Par contre, j'ai quelques réserves à émettre,
notamment sur le déroulement de l'histoire. Je trouve que le film
est trop long, il y a trop de choses, ce qui fait qu'on lâche un
peu prise (pour ma part en tout cas). Le budget du film est un peu
plus important que ce à quoi on est habitué Kitano, ce qui a permis
quelques petites extravagances. Je pense aux effets spéciaux pour
créer le sang. Je trouve que ça fait trop, ça devient limite gore
(nd Jangzhaô : La scène du bar fait trop "paintball"!!).
Et pour continuer sur la violence, le film est ultra violent. Mais
pas ultra violent comme on en a l'habitude. Pour donner un exemple,
"The killer" de John Woo est très violent, mais on apprécie
grandement (très grandement) les scènes d'action. Ici, chaque scène
de violence fait vraiment mal, on a du mal à le supporter. Kitano
réussi à changer l'image qu'on a de la violence qui tendait à la
rendre presque habituelle. Dans "brother», la violence montre
sa véritable nature (voir la scène avec les baguettes dans le nez).
Il y a plus de scènes avec de la violence que dans les autres films
de Kitano, plus d'action. C'est peut être pour ça que je ne l'ai
pas apprécié autant que les autres (ne me faites pas dire ce que
j'ai pas dit, le film n'est pas mauvais). J'attendais plus de scènes
"à la kitano", des plans longs et contemplatifs. De ce
fait, les rares scènes de ce genre marquent l'esprit. Pour moi la
meilleure scène du film se trouve lorsque Susumu Terajima joue au
basket en disant "je suis Michael Jordan!". A côté de
ça, la fin est très bonne (je m'attendais à quelque chose de plus
américain, je fus rassuré). Surtout que la musique berce très bien
le film. Joe Hisaishi a encore composé une folie. Pourtant, il change
un petit peu de style, la composition est plus complexe, le son
est plus jazzy, mais c'est toujours aussi bon. Une fois de plus,
Joe Hisaishi a parfaitement cerné l'esprit du film. A croire qu'il
est en connexion spirituelle avec Kitano (croyez moi, la transmission
de pensée, ça me connaît ^^).
Kitano a amené avec lui une partie de son équipe, on retrouve
donc Ren Osugi et Susumu Terajima. Je pense qu'à ce stade, leur
talent n'est plus à prouver. Oulala, j'ai failli oublier, je me
serai fait tuer par ses fans, mais Masaya Kato campe le rôle de
Shirase. Vous l'avez très certainement vu dans "Crying Freeman"
de Christophe Gans (le bad guy). Et à ce propos, son lieutenant
est interprété par Ryo Ishibashi qui interprétait le chef des yakuzas
dans "Kids return". Le frère d'Aniki est américain, mais
il est joué par un japonais, le talentueux Kurodo (Claude) Maki
qui m'avait fait halluciner avec sa performance de sourd muet dans
le génial "a scene at the sea". Voilà pour le camp japonais.
Du côté des américains, on n'est pas déçu du voyage. Même si les
acteurs ne sont pas connus (du moins pas encore), leur performance
est excellente, notamment Omar Epps qui nous livre un superbe monologue
à la fin.
En conclusion, je dirai que "Brother" est un bon film,
il n'est pas du niveau des autres films de Kitano pour moi. Mais
cela reste toutefois un très bon film, un kitano sans aucun doute.
On retiendra la performance des acteurs, impressionnante et la musique
de Joe Hisaishi qui fait planer. A côté, certaines scènes sont inoubliables,
mais certaines seulement, alors que dans les autres Kitano, toutes
les scènes sont inoubliables (j'exagère à peine). En tout cas, Kitano
n'a pas apprécié l'expérience, car il a été un peu trop limité.
On ne le reprendra pas de sitôt. On ne se retrouvera donc pas avec
le même syndrome que John Woo (qui fait des films de plus en plus
nuls depuis qu'il travaille aux USA). Un film à voir, certes à ne
pas mettre entre toutes les mains, mais à voir. Il constitue une
bonne alternative pour ceux qui veulent s'initier en douceur au
style vraiment à part de Kitano.
Aoshi
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