Nous
arrivons aujourd'hui au sommet mes amis. Le septième film de Kitano
est sans conteste sa meilleure oeuvre. C'est d'ailleurs ce film
qui a fait découvrir au monde (y compris au Japon) le véritable
potentiel d'un réalisateur jusqu'ici boudé (surtout au Japon où
il était toujours vu comme un comique et non pas comme un réalisateur).
Il fallait bien que le monde commence à s'y interésser tout de même,
voilà donc chose faite, en particulier grâce à la récompense que
reçut le film lors du festival de Venise (Lion d'or). Oui Hana-bi
est un film culte, oui Hana-bi est le meilleur film de Kitano, oui
vous devez l'acheter, oui j'arrête. Alors avant de commencer, intéressons
nous au titre (comme l'a merveilleusement bien fait Arte sur son
DVD). Hana-Bi signifie "feux d'artifice", seulement, en japonais,
il n'y a pas de tirets, ce qui rends la chose étrange, et il faut
prendre les deux mots séparemment. Hana signifie "fleur" symbolique
de l'amour, tandis que Bi signifie "feu" qui symbolise la mort.
Et là tout est dit, avec ces trois mots, vous savez ce qui vous
attends dans ce film.

Je vous préviens tout de suite, le scénario n'est pas très gai,
aussi je demanderai aux lecteurs de ne pas pleurer parce que d'une
part, ça gène pour lire, et d'autre part ça dégueulasse le clavier.
C'est vrai, après c'est mouillé, il y a des touches qui déconnent,
etc... Non franchement, évitez, en plus ça fait con, le gars (ou
la fille) qui pleure devant son écran, et puis c'est chiant pour
les autres. Enfin, moi je vous dis ça, c'est pour vous, après venez
pas pleurer (encore) en disant Aoshi t'es un salaud, à cause de
toi j'ai du racheter un clavier et en plus tout le monde se fout
de moi parce que je pleure devant mon écran de PC. Nonononnon, pas
de ça avec moi s'il vous plait. Vous avez été prévenus, un point
c'est tout, je veux pas recevoir de lettres anonymes. Voilà, bon,
ou en étais-je, à part le fait que j'ai réussi à vous pondre un
paragraphe pour rien et que vous avez rien capté. D'ailleurs, pour
les observateurs, je suis toujours en train de parler pour rien,
c'est tout de même fou non? Et dire que certains sont payés pour
écrire des conneries, j'ai définitivement raté ma vocation. Bon,
je pense que ça ira, je vais quand même vous parler du film, sinon
Jangzhaô va me réprimander. Parce qu'il faut savoir que Jangzhaô c'est un
barbare! On dirait pas comme ça avec son visage d'ange, mais il
est très cruel, je me rappelle même une fois où....quoi? Surtout
dites le si je vous fais chier! pffff, bon d'accord, Hana-Bi, ok
ok!
L'inspecteur Nishi n'est pas ce qu'on pourrait appeller un homme
heureux. Il a perdu sa fille quelques années auparavent, et comme
si ça ne suffisait pas c'est aujourd'hui qu'il apprend que sa femme
est touchée par une maladie incurable dont elle n'a aucune chance
de s'en sortir. Le couple, déjà fortement marqué par la perte de
l'enfant, est en train de vivre l'horreur. Aussi, on ne les entend
pratiquement pas parler, ils restent muets, le regard dans le vide.
Un jour, alors que Nishi part voir sa femme à l'hôpital, laissant
son coéquipier et ami seul, ce dernier se fait tirer dessus. Evitant
la mort de justesse, l'inspecteur Horibe restera néanmoins handicapé
à vie, il ne pourra plus jamais marcher. De même lors de la sanglante
arrestation du coupable, un collègue de Nishi perd la vie. Quelques
jours après ce drame, Nishi ne fait plus partie de la police, il
se sent terriblement coupable de tout ce qui s'est passé. Il tentera
alors par tous les moyens de donner une raison à la vie de son ami
Horibe, à travers la peinture, mais aussi de faire que sa femme
vive dans le bonheur jusqu'à la fin....qui se rapproche inexorablement.
Aussi Nishi décide de l'emmener en voyage en amoureux jusqu'au Mt
Fuji. Cependant, tout cela demande beaucoup d'argent, et Nishi devra
emprunter aux yakusas, ce qui n'est jamais bon signe...

En terme de réalisation, le septième film de Kitano est sans aucun
doute le plus abouti, ce qui ne veut pas forcément dire le plus
accessible. En effet, ceux qui ont du mal à suivre dès que le montage
est quelque peu fantaisiste vont ici se perdre complétement dans
les méandres de l'histoire. Kitano nous raconte son histoire de
manière tout à fait chamboulée, on voit une scène, puis s'enchaîne
une autre qui s'est passée avant pour revenir ensuite au moment
présent, le tout entrecoupé de flashbacks. Si bien qu'à la première
vision (parce qu'il y en a plusieurs, je vous l'assure ^^ ) on a
l'impression de ne rien comprendre. En fait, ce qui est le plus
étrange, mais jouissif à la fois, c'est qu'on ne comprend les actions
de Nishi que quelques minutes après qu'elles aient eu lieu, grâce
à un flashback. Très déconcertant au premier abord, le montage n'en
est pas moins génial. Toutefois, tout le film n'est pas construit
sur ce même schéma. Lors de la deuxième partie, le montage se veut
plus classique. Par contre, classique n'est pas le mot qui convient
concernant les plans de tournage. On est dans le plus pur style
de Kitano, il n'y a qu'à voir le tout premier plan du film pour
comprendre. Alors que certaines actions ne sont qu'entrevues, les
scènes les plus statiques sont les plus longues. A côté de ça, on
retrouve l'humour de Kitano (pas l'humour de "Jugatsu", mais plutôt
l'humour de "a scene at the sea"). Certaines scènes font sourire,
un sourire ému, car même si la scène se veut comique, on n'oublie
jamais que l'on est dans une tragédie (les personnages n'ont aucune
échapatoire mis à part la mort). Ainsi le personnage de Nishi qui
apparait tout d'abord comme étant une brute (il vide son chargeur
sur un cadavre) nous montre son côté plus humain lorsqu'il fait
tout pour que sa femme soit heureuse.

Du côté du casting, on prend les mêmes et on recommence! Mais qui
s'en plaindrait je vous le demande. Kitano tient donc le rôle vedette,
et reste fidèle à lui même, c'est à dire qu'il ne montre rien (ce
qui contribue largement au désarroi du spectateur concernant le
déroulement de l'histoire). Sa femme interprétée par Kayoko Kishimoto
est tout aussi muette, de ce fait, on sent la complicité dans le
couple, très émouvant. A côté, on retrouve avec bonheur Ren Osugi
en tant que Horibe, un rôle parfait. Malgré le peu de dialogues,
on sent parfaitement les sentiments profonds du personnage, c'est
d'ailleurs pour moi le personnage le plus émouvant du film. Bien
sûr, je n'allais pas oublier mon acteur fétiche, Susumu terajima,
qui tient ici un rôle plus important qu'à l'accoutumé. On notera
aussi l'apparition de Hakuryu, l'ancien tueur de "violent cop" qui
devient ici un ..... tueur (on se refait pas), en gardien de décharge
syphonné on retrouve Tetsu Watanabe qui nous fait bien rire l'air
de rien, ce qui est une prouesse dans un film aussi sombre. En regardant
bien, on retrouve beaucoup d'acteur déjà aperçus dans les anciens
films de Kitano, comme le médecin, ou le policier qui se fait abattre,
de même l'actrice jouant sa veuve sera la mère de Masao dans "l'été
de de Kikujiro".

Toujours dans la catégorie "encore lui!!?!" on retrouve bien entendu
Joe Hisaishi qui au passage nous livre l'une de ses meilleures compositions
à ce jour, une splendide mélodie mélancolique qui continue à nous
faire pleurer durant le générique de fin. Jamais une bande son n'aura
aussi bien collé à un film. Si je n'avais qu'une seule bande originale
à retenir de Joe Hisaishi, ce serait sans doute celle ci.
Hana-Bi est un chef d'oeuvre ultime du cinéma, et au risque de me
répéter, vous devez tous le voir au moins une fois dans votre vie.
Kitano est au sommet de son art et nous délivre une oeuvre magistrale,
triste et émouvante. Une chose est certaine, on en ressort complétement
chamboulé, un peu comme les sardines, quand elles sortent de leur
emballage fraicheur à la sauce citron, mais l'odeur en moins. J'espère
que vous avez compris le message, je pense avoir été clair, et si
vous doutez encore, et bien allez acheter une boite de sardine à
la sauce citron, vous comprendrez...
AOSHI 
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