

Je
continue dans ma lancée avec mon cycle "cinéma de kitano"
donc avec Kids return, qui marque à mon avis un tournant dans la
carrière de mon réalisateur préféré. Cependant, pas de souci, le
génie est toujours présent. Après un mirifique Sonatine, Kitano
réalise ici un film complétement différent dans lequel (point assez
rare pour être souligné) il ne joue pas. Je vais casser le suspens
dès le début : Kids return est un excellent film (oui je sais, ça
commence à devenir lassant ^^ ), mais que voulez vous que je vous
dise? C'est tout de même pas de ma faute si Kitano-san est un des
plus grands cinéastes japonais de ce siècle. Et en même temps, on
ne va pas lui reprocher non plus...

Où en étais-je? Ah, oui Kids return! Aussi étrange que celà
puisse paraître, Kids return ne tourne pas autour de l'univers des
yakuzas! Enfin bon, il ne s'en éloigne tout de même pas énormément,
on reste en terrain connu. Bon, voilà je parle, je parle et vous
ne savez toujours pas de quoi il retourne. Oui je sais ça m'amuse
^^ . Bon, allez je cesse de vous faire languir, je vais vous parler
un peu du film. Kids return nous montre la jeunesse japonaise à
travers deux lycéens, Masaru (dit Mancha) et Shinji qui vont devenir
adulte dans un monde sans pitié. C'est ainsi que tout le long du
film, on suit la destinée de ces deux amis qui peu à peu prendront
un chemin différent, se quitteront des yeux et enfin se réuniront
au final. A ce propos, notons que Kitano aime vraiment tourner en
rond puisque de la même manière que Jugatsu, le film est une boucle.
Comprenez par là que le film commence par la fin avant de dévoiler
l'histoire des personnages. Procédé assez destabilisant, sans être
prise de tête (si l'on compare au montage complétement fou de Hana-Bi).

Masaru et Shinji sont donc deux lycéens japonais. Toutefois,
au lieu d'aller en cours, ils préfèrent de loin faire des blagues
aux profs et mettre le boxon. Quand ils ne sont pas au lycée, ils
trainent dans les bars, essayent de visionner des films pour adulte
au cinéma et rackettent des élèves. Cependant, un jour Masaru se
fait battre par un jeune homme (ce dernier défendant un élève s'étant
fait racketter). Apprenant que ce dernier fait parti d'un club de
boxe, Masaru décide de se consacrer pleinement dans ce sport. Il
incite Shinji à venir s'entraîner avec lui, mais, ironie du sort,
c'est Shinji qui se révèle être le plus doué. Au bout de plusieurs
semaines, Masaru décide d'arrêter la boxe, et Shinji, qui possède
un réel potentiel continue à s'entraîner sous les encouragements
de son entraîneur. Ce n'est que quelques jours plus tard que les
deux amis se retrouveront. Alors que Shinji est devenu un jeune
espoir du club de boxe, Masaru s'est enrôlé dans un gang de yakuzas
local. Les deux amis graviront chacun de leur côté les marches et
deviendront de plus en plus important avant que de façon très violente,
tout s'écroule pour l'un comme pour l'autre. Impitoyable destin!

Kitano, à travers ce film, dénonce la jeunesse japonaise, qui
selon lui est trop passive. En un sens, j'irai même jusqu'à dire
qu'il les méprise un peu. Les jeunes ne connaissent rien ni de la
vie, ni de la mort (rappelons que Kitano est passé à plusieurs reprises
devant la mort, et notamment juste avant ce film). La fin est assez
spéciale pour un Kitano, puisqu'il laisse au spectateur le choix
de voir ce qu'il veut à travers la phrase de Masaru "tout ne
fait que commencer". Cependant, pour Kitano, la fin se veut
tout de même pessimiste. A vous de voir! Personnellement, j'ai trouvé
qu'elle était plus porteuse d'espoirs que de fatalités.

Comme à l'accoutumé, le style de Kitano est très présent, les
désormais connus plans statiques sur des personnages sans expression.
De même, on retrouve, comme dans a scene at the sea, les même actions
qui se répètent (vraiment pour moi un des grands procédés de Kitano,
magique). Du point de vue de la réalisation, bien sûr, on peut ne
pas aimer, mais dans tous les cas, impossible de critiquer les talents
de Kitano-san. Vraiment unique ! Pour rester dans le terrain connu,
c'est bien entendu Joe Hisaishi qui s'est chargé de la bande-son,
et comme d'habitude c'est grandiose. Hisashi utilise comme à l'accoutumé
des thèmes simples mais redoutablement efficaces (ils restent dans
la tête pendant des mois). Le duo Kitano Hisaishi a encore frappé!
Si Kitano n'a pas joué dans Kids return, il s'est grandement inspiré
de sa vie pour le film, ayant lui même fait de la boxe, de même
il connu une enfance difficile avec des hauts et des bas (tout comme
aujourd'hui). Un film donc très personnel.
Masaru est interprété par Ken Kaneko, Shinji est interprété
par Masanobu Ando (ce nom vous dit sans doute quelque chose si vous
avez fait un tour dans la critique de Battle Royale de mon ami Jangzhaô),
et les deux acteurs sont divinements interprétés, du bonheur! A
côté, on trouve Ryo Ishibashi, Hatsuo Yamaya, et je n'oublierai
pas de citer mon acteur fétiche, le grand Susumu Terajima qui nous
fait encore preuve de ses talents (yaaaaabon). hem, mais je m'égare
là. Bref, concernant les acteurs, c'est assez étonnant vu la qualité
des performances alors que la majorité sont des adolescents.

Yaaaaaaaah! Susumu Terajima!!!!!!
Kids return est un film cruel et émouvant sur le parcours de
plusieurs ados (on ne voit pas que Masaru et Shinji ), et si quelques
lycéens ne s'en sortaient pas, je dirais que Kids return est un
peu fataliste. Même s'il ne fait pas aussi mal que les autres films
de Kitano, on garde la cicatrice longtemps. En ce sens, Kids return
fait réfléchir sur la vie et la société qui condamne les jeunes
adultes à répéter les mêmes erreurs. J'ai été très touché par Kids
return et je le recommande évidemment à tous. En tout cas, être
ado au Japon, c'est pas une vie!
AOSHI 
|