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A
tous les amateurs de Vampires et de Loup-Garous (appelés
Lycans ou Lycanthropes), réjouissez-vous car Underworld
joue la carte de la nouveauté en mettant sur pied l'un des
affrontements les plus gigantesques qu'il nous ait été
donné de voir, un combat sans merci entre deux légendes
sacrées du cinéma d'horreur/fantastique. Plus qu'un
film d'action, Underworld nous plonge en plein cœur d'un
scénario où se mêlent des mythes réinventés,
sans pour autant s'en éloigner, sur fond de liens purement
historiques et de petits clins d'oeil d'époque (comme le
train à vapeur qui sert de moyen de transport au conseil
des Vampires). Tout ceci agrémenté de guns fight surprenants,
qui nous rappellent les films de John Woo, et d'une ambiance glauque
au possible, respectant l'univers propre aux créatures de
la nuit! Non content de bénéficier d'un background
travaillé, l'ensemble du film se passe dans la nuit, ce qui
accentue l'implication du spectateur en créant une illusion
de stress continu, voir de peur, car inutile de le cacher, j'ai
sursauté plus d'une fois!

D'après le réalisateur, Len Wiseman (également
scénariste), la relation amoureuse entre la Vampire (Kate
Beckinsale) et le Lycan (Scott Speedman) est adaptée de la
pièce "Roméo et Juliette". Je veux bien le croire
car jusqu'à maintenant, je n'avais pas fais le rapprochement.
Dans le contexte de l'œuvre Shakespearienne, il est vrai qu'Underworld
en reprend les bases, à peu de chose près : Deux clans
qui se haïssent, une Vampire qui s'amourache d'un Lycan, des
querelles et un amour impossible. Mais la comparaison s'arrête
là malgré les nombreux points communs, je vous l'accorde.
D'autant plus que cette relation n'est pas assez exploité
et se fait donc très vite oublier. En dépit de cela,
l'intrigue trouve son principal intérêt dans les rapports
Lycans/Vampires, un aspect relativement plus intéressant
à approfondir. Vous l'aurez compris, le scénario
tourne autour des liens qui unissent les personnages ; la vérité
sur l'existence de ces deux races.

Le chef des Lycans est représenté par Lucian (Michael
sheen). Poursuivi par un lourd passé, il a décidé
de mener une (très) longue croisade contre son ennemi juré,
Viktor, le maître des Vampires. Lucian fait office de grand
méchant "loup" et contre toute attente, il est
l'un des éléments clé du film. A croire que
les scénaristes se sont inspirés du jeu Valkyrie Profile
(avis aux connaisseurs) pour son histoire, à moins que ce
soit une coïncidence, ce qui me parait plus probable. Nos suceurs
de sang sont quant à eux menés par la sulfureuse et
intrépide Selene (interprétée par Kate Beckinsale
: "Pearl Harbor"), une Vampire assoiffée de vengeance qui
affronte les lycans dans le seul but de les éradiquer.
Ainsi, elle souhaite faire honneur à Viktor ainsi qu'à
sa race en qui elle voue une loyauté démesurée,
pour ne pas dire aveugle. Selene est un personnage charismatique
qui à l'instar de son homologue Lycan est tout autant torturé
par son passé. Pour lui échapper, elle n'hésitera
pas à aller contre ses principes, la rendant marginale aux
yeux de ses acolytes. A l'opposé de son rôle dans (le
magnifique) Pearl Harbor, Kate Beckinsale nous gratifie
d'une performance unique, nouvelle et surtout très enrichissante
pour sa carrière. Tout de cuir vêtu, elle arpente
les rues de Los Angeles tel un ange déchu, illuminé
par une aura et une prestance qui en font LE personnage le plus
intéressant du film, LA vampire dans toute sa splendeur car
Kate est avant tout une femme splendide, ravissante, une beauté...
et
-petite note personnelle- elle possède le nez le plus beau
que la terre ait portée (j'espère que ma femme ne
lira pas ça -Mode on- message subliminal). Bref, des personnages
bigrement travaillés pour un scénario accrocheur.
Niveau action, car c'est ce qui nous intéresse le plus -on regarde
un film d'action pour de l'action, c'est bien normal, après,
nul doute que le reste est un plus non négligeable, vous
en conviendrez - le spectacle est de la partie et force est de constater
qu'il s'avère carrément jouissif. Selene flingue,
taillade, se fight à main nu, saute d'une battisse de plus
de 30 mètres, ceci avec une très grande maîtrise
et aussi étonnant que cela puisse paraître, l'utilisation
du ralenti se fait très discret (à la manière
de John Woo). Des affrontement qui fusent à la vitesse grand
V. Du grand art! Mais le plus impressionnant, ce sont très
certainement les effets spéciaux, à commencer par
les transformations des Lycans et autres fantaisies de ce genre
(explosions, désintégrations, fractures etc...). Sur
ce point, Underworld a véritablement excellé.
A vrai dire, j'ai eu un mal fou à distinguer la synthèse
de la réalité tant les prouesses techniques ont atteint
le niveau requis en vue d'un tel résultat. De gros détails
numériques, l'un des atouts majeurs en fait, qui s'intègrent
parfaitement aux personnages.
Quant aux musiques, elle ne sont pas inoubliable, certes, mais
elles ont au moins le mérite de coller aux scènes.
Aussi, ce n'est pas vraiment mon style de musique donc si vous bouffez
du Néo-Metal au petit déjeuner, soyez sur que vous allez
être aux anges. En tout cas, je comprends parfaitement que
l'on puisse y adhérer, c'est rythmé, boosté,
énergique, cependant, il ne me viendrait jamais à
l'idée d'en écouter une fois sortie du film.

Au design, on retrouve Patrick Tatopoulos, une grande pointure
dans son domaine puisqu'il a déjà oeuvré sur
Pitch Black (un film excellent soit dit en passant), Dark
City (de Alex Proyat, réalisateur entre autre du désormais
célèbre The Crow), Supernova ou bien encore
sur le récent Le peuple des ténèbres.
Ce jeune français n'en est pas à ses débuts et l'expérience
qu'il a accru tout au long de sa carrière a su porter ses
fruits. On lui doit notamment la conception graphique des Loups-Garous.
Il a réussi à créer une nouvelle espèce
de Loup-garous, plus sombre et mystérieuse qu'à l'accoutumé,
avec une histoire remaniée j'entends, mais contrairement
à Dog Soldiers (l'un des meilleurs films du genre),
les Loups-garous de Underworld sont beaucoup moins voraces.
Quoiqu'il en soit, ils conservent la vivacité et la puissance
qui les caractérisent tant, faisant peser la balance en leur
faveur.

La photographie est à mon sens une réussite. Une
atmosphère sombre se doit de proposer un visuel exemplaire
qui privilégie la sobriété des décors.
Underworld part sur cette optique, résultat, chaque plan
nous laisse pantois et flatte nos rétines, sur un ton essentiellement
bleuté où l'immergence est totale, comblant par la
même occasion tous les férus de fantastique et spectateurs
avides d'esthétisme! Le film ayant été tourné
en Hongrie, à Budapest plus précisément, l'univers
n'en est que plus réelle. Le chef décorateur,
Tony Pierce Roberts, le dit lui même : "L'histoire
de la ville de Budapest est associée à l'existence
ancestrale des vampires et des loups-garous. Il y a d'ailleurs une
forte connexion entre cette ville remplie de légendes et
le style gothique du film". Le moindre petit détail
est remarquablement détaillé et suscite une froideur
enivrante, en raison de couleurs plutôt distillées
entre l'obscurité et la luminosité, un contraste idéal
qui nous permet de suivre l'action sans en perdre une miette.

Pour finir, je dirai que là où Blade II
(celui qui se rapproche le plus du contexte d'Underworld)
avait réussi le pari d'en mettre plein la vue avec ces effets
spéciaux "New Wave" et ses personnages
"Très Comics et Super Héros", Underworld
arrive également à scotcher son spectateur mais avec
d'autres moyens, en plus de ceux cités ci dessus, beaucoup
plus subtiles. En ce sens, il ne mise pas vraiment sur la surenchère,
à l'instar des blockbusters du moment, mais sur une mise
en scène particulièrement bien adaptée et efficace
pour nous tenir en haleine tout au long du film.
Un chef d'œuvre, point!
Jangzhaô 
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